PAUL RICARD - NUL BIEN SANS PEINE

 
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INTRODUCTION

Paul Ricard aurait eu cent ans en 2009. Il appartenait à cette génération née au temps des paquebots à vapeur, des voitures à cheval et des lampes à pétrole, celle qui a vécu une révolution industrielle et deux guerres mondiales.


Et pourtant …


Le temps d’une vie, parti de rien, Paul Ricard a mis au point son apéritif dans le grenier de la maison familiale, avec la complicité des petits bistrots de Marseille, et conquis le marché. Il a fait reverdir la Camargue grâce à la riziculture, et permis du coup à tous ses employés de survivre pendant la guerre. Il a conçu les plans des petites maisons provençales dans des jardins de fleurs et d’usines ultramodernes le long des routes, redonné vie à deux îles abandonnées de Méditerranée, fait bâtir à lui tout seul un aérodrome et un circuit de Formule 1. Il a peint des milliers de portraits, soutenu les jeunes artistes avec enthousiasme en inventant un nouveau mécénat, mis en scène des films de cinéma. Humaniste avant tout, il a appliqué son idée d’un « capitalisme populaire » et partagé les bénéfices de son entreprise avec tous ses employés. Il a lancé la première campagne écologiste en France pour sauver la mer, fondé un institut océanographique… et la liste est encore longue !

 

Rien ne prédisposait Paul Ricard à tout cela, sinon ses rêves, son énergie qui l’amenait à surmonter tous les obstacles, et l’intime conviction d’agir pour le bien de tous. C’était un meneur d’hommes, qui savait à chaque fois entraîner les gens à sa suite. C’était un rêveur de bon sens, un visionnaire pragmatique. 

 

Quelqu’un qui ne se lassait pas d’observer les choses et les gens et de bâtir des mondes, un homme qui avait viscéralement besoin de vivre dans une société solidaire et amicale, et savait mieux que personne réunir les gens dans une grande fête. 

 

Venz ! C’est Paul Ricard lui-même, à travers ses archives, qui vous invite à feuilleter son album de souvenirs, pour revivre avec lui sa passion de créer… Au fil de cette exposition, vous découvrirez la bande de Sainte-Marthe, et celle du Tour de France. Vous y verrez des chameaux sur les Champs-Élysées, et des Arlésiennes à Rome. Vous y croiserez Eric Tabarly, et Salvador Dali. Vous y vibrerez au rythme de mille aventures, et vous froncerez peut-être les sourcils, croyant à une galéjade marseillaise. 

 

Mais il n’en est rien. Paul Ricard fut un de ces grands capitaines d’industrie du XXème siècle, un pionnier, un personnage entier, frondeur, paradoxal, attachant, indifférent à l’argent et aux honneurs, un homme simple qu’on aimait aimer et dont le mot d’ordre était simplement : « Au-dessus, en avant ! ».

 

Anne Guillaume